Articles

Le - Drame de Collobrières: retour en images sur les premiers jours du procès

PHOTOS.

Drame de Collobrières: retour en images sur les premiers jours du procès

Publié le

Alicia et AudreyAlicia Champlon et Audrey Bertaut.(DR)
Retour en images sur les premiers jours d’un procès lourd, chargé d’émotions, déchirant pour les familles des victimes. Et très suivi dans les rangs de la gendarmerie nationale, « l’autre famille » d’Alicia et Audrey.

Le 17 juin 2012, la maréchale des logis-chef Audrey Bertaut et l’adjudante Alicia Champlon tombaient dans l’accomplissement de leur devoir à Collobrières. Il ressort de l’instruction qu’elles ont été abattues, désarmées au sol, en position de défense.

Le procès d’Abdallah Boumezaar et d’Inès Farhat, accusés de meurtre et assassinat pour l’un et complicité de meurtre et dissimulation de preuves pour l’autre, s’est ouvert le mardi 10 février devant la cour d’assises du Var à Draguignan. Verdict attendu ce vendredi 20 février.

Deux militaires de la gendarmerie abattues en quelques minutes, deux juges d’instruction désignées au TGI de Toulon, une reconstitution judicaire sous très haute protection, « neuf ou dix tomes » de procédure, des dizaines de témoins et d’experts… Dix jours d’audience seront nécessaires à la cour d’assises du Var pour examiner l’affaire du « drame de Collobrières ».

 Capture

Une salle comble dès le premier jour. Les avocats des parties civiles (de gauche à droite) : Me Laurence Boucherat représente les parents et les frères d’Audrey Bertaut, Me Virginie Pin le compagnon d’Audrey Bertaut et leurs deux filles, Me Frédéric Picard les parents, oncle et tante d’Alicia Champlon. Pour la gendarmerie, un agent judiciaire du Trésor s’est joint à la procédure. Quand un témoin a la mémoire qui flanche ou change sa déposition, les avocats dégainent les PV d’audition.

Capture

Les scellés judiciaires sont mis à disposition de la cour, dans la salle d’audience. Ils ont été ouverts vendredi pour les besoins de la démonstration d’un expert en armement. L’arme du double crime, celle qui a été arrachée à Audrey, est passée entre les mains des magistrats et des jurés. L’expert a également déployé le bâton télescopique d’Alicia Champlon, sur lequel l’empreinte génétique d’Inès farhat a été retrouvée.

Capture

Me Stéphane Colombe (au centre sur la photo), l’avocat de l’accusé principal, devrait plaider le trouble du discernement d’Abdallah Boumezaar. Jeudi, l’expert toxicologue a confirmé que les accusés consommaient du cannabis régulièrement. Au moment des faits, Abdallah Boumezaar était également sous l’emprise de l’alcool (1,5 g/l selon une dernière estimation calculée à la barre par l’expert). « Ce ne sont pas des circonstances atténuantes, convient Stéphane Colombe, mais cela participe d’un engrenage. » La psychologie des accusés sera décortiquée en fin de procès (mercredi et jeudi).

Capture

Le colonel Damien Choutet et le général de corps d’armée David Galtier (de gauche à droite sur la photo), les plus hauts représentants de la gendarmerie dans le Var et la région Paca, ont assisté à l’ouverture du procès. Les officiers et sous-officiers du département et de la région se relaient chaque jour, en uniforme, pour marquer le soutien de l’institution aux familles des victimes. Des nombreux gendarmes, issus de toutes les compagnies du Var, profitent de leurs journées de repos pour faire bloc derrière les parents d’Alicia et Audrey.

Capture

Au premier rang, les familles d’Alicia et Audrey écrasées d’un chagrin insurmontable, malgré le soutien des gendarmes, des amis et de leurs avocats. Les détails, certains témoignages, certaines dépositions d’experts, parfois illustrées par des images ou des sons, les interventions de la défense leur déchirent à chaque fois un peu plus le coeur. Les mères des victimes ont fait un malaise dès le deuxième jour, nécessitant une prise en charge par les pompiers de Draguignan. « Si elles sont là, c’est par devoir pour les filles« , confie-t-on dans l’entourage.

Capture

Gilles Bidaut, président de l’association Etoiles Bleues, accompagne et assiste les familles des victimes tout au long du procès. Hébergement, logistique, soutien médico-psychologique… L’association fait en sorte de « créer un cocon« . Pendant les audiences, au moindre signe de défaillance d’une des parties civiles, à la moindre larme, Gilles Bidaut vole à son chevet. C’est régulièrement sur son bras que les mères s’appuient pour quitter la salle avant de fondre dans la salle des pas perdus.

Capture

L’avocat général Xavier Tarabeux ne laisse rien passer. A l’issue des témoignages, des dépositions d’expert, le magistrat qui porte l’accusation pose les questions qui verrouillent les éléments à charge et qui visent à colmater les brèches ouvertes par la défense. L’un des témoins-clés, qui a modifié sa version des faits en faveur d’Inès Farhat, a été poussé dans ses retranchements vendredi : « [Votre récit] n’est intellectuellement pas satisfaisant« . Xavier Tarabeux s’était rendu sur les lieux du drame dès le soir du 17 juin 2012, en tant que procureur de la République à Toulon.

Capture

Inès Farhat, 22 ans, dans le box des accusés, fait des efforts pour donner l’image d’une jeune femme apaisée après une vie difficile et un parcours de délinquante (sept condamnations). Elle est accusée de complicité de meurtre. Son rôle pendant que son compagnon s’acharnait sur Audrey Bertaut avant de l’abattre devant elle est au coeur des débats. Elle soutient qu’elle a donné des coups à son compagnon pour mettre un terme à l’escalade de violence. Elle n’explique pas comment Alicia Champlon, qui s’est retrouvée K.-O. au sol, a été empêchée de venir en aide à sa camarade dans le huis-clos de l’appartement de la rue Marat. Personne ne vient éclaircir cette part de flou sur le scénario de l’acte I du drame, malgré les détails donnés vendredi par deux témoins qui ont assisté à une partie de la scène : « Je ne peux vous parler que de ce que j’ai vu. »

Capture

Mes François Santini et Jean-Claude Guidicelli vont plaider l’acquittement d’Inès Farhat. Leurs interventions suscitent parfois l’indignation d’une bonne partie de la salle et régulièrement le départ des parents des victimes. « On n’a pas le beau rôle… » Selon eux la présence de l’ADN sur certaines pièces du dossier de l’accusée s’explique par la promiscuité de la première scène de crime (lun appartement de 30m2) et le fait que Boumezaar lui a confié les armes avant que le couple ne s’en débarrasse. « J’avais peur« , dit-elle.

Capture

Abdallah Boumezaar (ici de dos lors de son entrée dans le box des accusés) refuse d’être pris en photo par les journalistes. Ses premiers mots, après le rapport introductif du président de la cour : « Franchement comme c’est parti, je risque pas de m’expliquer. » Il reconnait les faits et consent finalement à répondre aux questions, parfois avec arrogance, même s’il n’explique pas son geste : « Je n’étais pas moi-même. » L’accusé perd ses nerfs quand son ex-compagne est mise en cause. Il l’exonère de toute responsabilité. « J’ai commis deux crimes, vous croyez que je vais mentir sur le reste. »

Capture

Les avocats des parties civiles s’efforcent de prévenir les familles avant les séquences les plus cruelles (ici Me Virginie Pin auprès des parents d’Alicia). Mais, mercredi, une pièce a été dévoilée par erreur : l’enregistrement de la voix d’Alicia en route pour Collobrières a saisi l’assistance, et ravivé la douleur.

Capture

La cour d’assises est présidée par Thierry Fusina. A ses côtés, trois asseurs. Le jury populaire est composé de neuf citoyens dont trois femmes. Ils devraient rendre leur verdict dans la soirée du vendredi 20 février.

Photos : Dominique Leriche et Philippe Arnassan

Source : www.varmatin.com

Be Sociable, Share!