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Les brigades de Trun, Exmes et Ecouché pourraient fermer l’été prochain

Depuis janvier 2003, la gendarmerie a été réorganisée. La prochaine étape semble être celle de la fermeture complète de brigades rurales. Trun, Exmes et Ecouché seraient concernées

18/07/2016 à 18:35 par Administrateur

Depuis l’été 2014, des rumeurs courraient. Elles pourraient devenir réalité en 2015, l’été prochain,. Six brigades de gendarmerie ornaises, en zone rurale, fermeraient leurs portes.
Les communes de Pervenchères, Courtomer, Carrouges, Trun, Exmes et Ecouché devraient perdre leur gendarmerie.
En tout cas, c’est ce qu’il se murmure. Les gendarmes ont été prévenus en amont et s’apprêtent donc à devoir changer d’affectation.

Aucune consultation

Toutefois, les élus, que ce soient les maires, conseillers généraux ou autre présidents de Cdc, n’ont pas été consultés. L’ancien préfet, Jean-Christophe Moraud, avait donné son accord de principe mais l’arrivée de la nouvelle préfète, Isabelle David, pourrait reporter la nouvelle réorganisation des gendarmes sur le territoire ornais.
Les hauts fonctionnaires de l’État planchent actuellement sur ce sujet.

« Une réflexion est engagée au plus haut niveau, devant la représentation nationale. Les élus seront consultés en temps et en heure », a-t-on appris auprès de la préfecture de l’Orne.

D’ailleurs, 70 gendarmeries seraient amenées à disparaître sur tout le territoire national.

11 ans d’évolution

Cette évolution n’est pas récente. En effet, depuis la Loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (LOPSI) du 29 août 2002, le maillage territorial des gendarmeries a changé peu à peu.

Une réorganisation de la gendarmerie a abouti en janvier 2003 à la création de communautés de brigades (COB) comme celle d’Argentan : elles regroupent plusieurs autres brigades, plus petites, sous un même commandement.

Ainsi, le nombre de gendarmes dans les brigades rurales a diminué et l’ouverture de ces dernières ne se fait plus qu’une journée et demie généralement. C’est le cas de celle d’Ecouché.

« Auparavant nous avions des relations permanentes avec les gendarmes, nous les connaissions tous. Désormais, ce n’est plus trop le cas malheureusement », regrette Jean-Pierre Latron, le maire de la commune et président de la Cdc des Courbes de l’Orne.

Surprise

En 2010, le sénateur Gérard Bailly avait questionné le gouvernement en place sur ce fait-là :

« La gendarmerie est regroupée en plusieurs brigades appelées à intervenir sur un grand territoire ; les gendarmes sont donc souvent bien loin lorsqu’arrive un appel urgent et doivent parcourir de nombreux kilomètres les jours suivants pour mener auditions et enquêtes.
La permanence n’est, de fait, plus assurée à la gendarmerie car ces personnels sont très souvent dans leur voiture. »

Interrogés sur les fermetures supposées, les élus se sont dits surpris. Aucun d’eux n’a été officiellement averti.

« Je ne suis pas informé de cela », affirme Laurent Beauvais, président d’Argentan Intercom et de la région Basse-Normandie.
« Si c’est vrai, on va devoir rencontrer les autorités nationales pour en discuter. La période n’est pas celle de la réduction de services publics. »

De simples rumeurs ?

De son côté, Patrick Mussat, conseiller général du canton d’Exmes, reconnaît avoir eu des échos dans ce sens mais aucune « notification officielle ». Il ajoute : « Nous, élus, nous n’avons aucune information officielle de la sorte. S’il y a une modification du maillage territorial, les élus doivent impérativement être consultés de la démarche. »

Jacques Prigent, maire de Trun, affirme même qu’il a été « rassuré par l’officier de gendarmerie en charge » de la COB d’Argentan qui lui aurait dit qu’il s’agissait là que de rumeur.

Désengagement de l’État

Il va s’en dire que si cela se produisait, le milieu rural en pâtir.

« Ça pourrait procéder d’un désengagement des services de l’État dans les zones rurales et c’est regrettable. On constate déjà que la présence des gendarmes sur le territoire n’est plus celle que nous connaissions précédemment puisque ces militaires doivent intervenir sur un territoire plus vaste.
En soit, ce n’est pas une révolution, c’est un élément de plus », se désole Patrick Mussat.

Christophe Gérard, conseiller général du Canton de Trun, va plus loin :

« Dans les cinq ans à venir, l’organisation territoriale aura changé. Trun restera un village dans l’ombre d’Argentan puisqu’elle ne sera plus chef-lieu de canton. On le voit aujourd’hui, l’État réorganise ses services et réalise des coupes importantes en supprimant de nombreux services publics.
L’équilibre d’un territoire rural ne tient pas à grand-chose, souvent à un ou deux services publics. À Trun, il n’y a plus de perception. Avec la fermeture de la gendarmerie on peut très vite basculer dans un désert rural. C’est une forme de désengagement. »

Sentiment de sécurité

Certes, à Exmes, la population a pris déjà l’habitude d’aller à Gacé, la COB, pour porter plainte notamment, depuis plus de dix ans et l’instauration de la nouvelle organisation.

« Mais c’était intéressant en terme de maillage de conserver une gendarmerie à Exmes », note le conseiller général.

Néanmoins, la fermeture d’une gendarmerie dans une commune impactera toujours quelque peu les administrés.

« À Ecouché, les personnes savent que la gendarmerie est ouverte à certains moments de la semaine, c’est important qu’ils puissent les rencontrer lorsqu’ils ont besoin », en convient Jean-Pierre Latron.

Le sentiment de sécurité en zone rurale pourrait aussi en pâtir.

« Il est nécessaire de maintenir cette fonction de sécurité, surtout dans une commune comme celle de Trun qui est la 2e plus importante de notre Cdc », commente Laurent Beauvais.

Ce à quoi Jacques Prigent, maire de Trun, surenchérit :

« La présence de la gendarmerie (avec des gendarmes y étant affectés) est très importante pour une commune comme Trun. La semaine dernière nous avons connu un grand nombre de cambriolages et il y a une petite délinquance récurrente qui trouble l’ordre public.
Si notre gendarmerie devait être fermée, je serais particulièrement en colère puisque ce serait contraire à ce que me disent les autorités militaires de la place et contraire à l’équité territoriale. »

Les gendarmes et leur famille

De plus, des familles habitent dans les locaux des différentes brigades.

« Des hommes, des femmes et des enfants vivent sur ces sites-là, il n’est pas question qu’ils soient mis devant le fait accompli. Il faut une réflexion préalable qui les concerne directement », fait remarquer Patrick Mussat.

Cependant, le faible effectif de certaines brigades du secteur d’Argentan peut poser question. Certains gendarmes restent seuls dans les bureaux des journées entières sans voir personne parce que leurs collègues sont partis sur le terrain en binôme. Leur moral peut parfois être atteint.

Reste que les réticences sont connues. Certains élus conviennent d’ailleurs que leur voix ne comptera pas forcément dans la décision. En 2010, Gérard Bailly pointait du doigt cette crainte : « Les élus locaux déplorent ce recul du service public, regrettent les portes fermées de leur gendarmerie et s’estiment moins bien protégés qu’avant. »

Pourtant, c’est bien vers ces fermetures que le territoire national se dirige.

Pauline BAUMER

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Sourcewww.lejournaldelorne.fr
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