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Le - MARTHON – CHARENTE: DEUX GENDARMERIES MENACÉES

MARTHON

CHARENTE: DEUX GENDARMERIES

MENACÉES

Charente: deux gendarmeries menacées

À Villefagnan, comme à Champagne-Mouton, les gendarmes risquent bien de quitter leurs bureaux. Pascal Baudouin

Par Jean-François Barré, publié le , modifié .

Après celle de Marthon, les brigades de Champagne-Mouton et de Villefagnan devraient fermer. Une restructuration opérationnelle pour renforcer l’efficacité du service rendu.

Marthon a fermé au 1er juillet.Les cinq gendarmes qui tenaient la boutique sont partis s’installer à LaRochefoucauld. Ce sont désormais Villefagnan et Champagne-Mouton qui font l’objet d’une étude dont l’issue ne semble guère faire de doute. C’est ce que les maires ont compris des entretiens qu’elles ont eus avec le commandant de compagnie de Confolens, qui gère le secteur. C’est aussi la teneur du courrier qu’a reçu, signé du colonel, le député Jérôme Lambert.

Au groupement de gendarmerie de la Charente, le colonel Fabrice Tranchant confirme. «Il y a une étude menée à ce sujet», qui vise à regrouper les effectifs à Ruffec et Aigre.«C’est une question d’efficacité, d’organisation du service», dans la droite ligne de la création des communautés de brigades.

L’idée, c’est qu’il n’y a «que les grosses brigades qui reçoivent du public. L’objectif est de réduire les structures d’accueil pour affecter les gendarmes là où ils sont les plus utiles, en enquête ou en patrouille. Et deux plantons en moins, qui ne recevaient pas grand monde, c’est une patrouille de plus au quotidien»,plaide en substance le colonel.

Il en convient. «Pour les petites communes, c’est perdre un service public», des habitants. «C’est parfois compliqué pour le réaménagement des locaux.» Ce sont des frais et des travaux.Mais, pour les gendarmes, le calcul est simple: une colonne avantages, une colonne inconvénients «et on regarde ce qui est bon pour l’intérêt du service». «Et le service, ce n’est pas le bâtiment. Ce sont les gendarmes sur le terrain.»

«Un sentiment très partagé»

Un discours que Pascale Jouaron, la maire de Champagne-Mouton, peut entendre, même «s’il ne s’agit que d’un projet». «Je préférerais qu’on garde tout, mais j’ai bien compris que les deux permanences, les jours de marché, n’étaient pas très fréquentées.» Pas même toutes tenues. «J’ai un sentiment très partagé, indique-t-elle encore. Ce sont des gens qui vivent et consomment à Champagne. Mais qu’est-ce que l’on attend du service public de la gendarmerie?»

Elle veut surtout croire que la fermeture des bureaux ne signifierait pas pour autant le départ immédiat des six familles logées sur place. Sans doute pas avant«la construction de la nouvelle gendarmerie de Ruffec». «Et puis 2017 est une année particulière»…

À Villefagnan, son homologue, Christiane Prévost, est nettement plus remontée.«Tout ce que je sais, c’est que l’on va contester tout cela. On va essayer de faire que ça ne se réalise pas.» Mobiliser les élus du secteur. «Nous ne sommes plus un canton, mais cela concerne une vingtaine de communes, ajoute la maire. Ce sont des familles qui vivent sur le secteur, des enfants qui vont à l’école.Cela fait partie tout simplement de la vie du pays.» Symbole d’une campagne qui se dépeuple au profit de la ville. «On détruit nos territoires ruraux. C’est tout un ensemble par rapport à la vie de la campagne qui a des difficultés.» Et à Villefagnan, la commune, propriétaire des bureaux et du logement du commandant de brigade, y perdra ses loyers.

Jérôme Lambert, le député du secteur, est lui aussi très inquiet. «On en revient à la réorganisation territoriale. C’est le pendant de la loi NOTRe pour les cantons. Or un canton, c’est une gendarmerie, un collège, un bureau central de poste. C’était couru d’avance», accuse celui qui a voté contre, qui s’apprête à«interpeller» le président de la République et les candidats, au fur et à mesure qu’ils se déclareront, sur le maintien des services publics. «Ce n’est pas un problème de gendarmerie. On lui demande comme à tous les services publics de faire des économies.»

Le député se fait du mouron.Sur le courrier qu’il a reçu, il a lu que «La Direction générale de la gendarmerie avait donné son accord de principe à ce dossier». La consolation, c’est qu’il n’y pas de perte d’effectifs. «Nous avons même gagné deux gendarmes à Ruffec», rappelle le colonel.

À Champagne-Mouton, Pascale Jouaron ne s’en satisfait qu’à moitié: «Villefagnan est peut-être proche de Ruffec. Nous, nous sommes à 20 kilomètres de la plus proche brigade.»

Sourcewww.charentelibre.fr

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