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Le - Moi, Alizé B, battue par mon conjoint gendarme

Moi, Alizé B, battue par mon conjoint gendarme

17 novembre 2019

Quand son fils avait 6 ans, il lui a dit : « Maman, les gendarmes ils arrêtent les méchants. Si Papa est méchant avec toi, qui va l’arrêter lui ? » Alizé Bernard est restée sans voix. Victime pendant plusieurs années des violences de son ex-mari gendarme, cette attachée commerciale de 32 ans s’est décidée à parler. Pour celles qui ne peuvent plus et celles qui n’osent pas encore. Pour que la prise en charge des victimes évolue. Parce qu’elle ne pouvait soupçonner que le statut de son ancien mari puisse à ce point rendre plus difficile le combat qu’elle a mené, seule, pour faire valoir ses droits. Dans « Silence, on cogne » (Grasset, 384 pages, en librairies le 20 novembre), elle revient sur ces années de lutte et les innombrables obstacles qu’elle a dû franchir. Un témoignage poignant, éclairé par l’enquête fouillée de Sophie Boutboul (voir les encadrés placés à la fin). Pendant un an et demi, cette journaliste indépendante a rencontré de nombreuses femmes, des proches de victimes de féminicides, des professionnels qui les accompagnent, mais aussi des avocats, des juges, des magistrats ainsi que des policiers, des gendarmes et des responsables des instances d’inspection : l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale) et l’IGGN (Inspection générale de la Gendarmerie nationale). Elle met en lumière les failles d’un système délaissant les victimes de ces hommes – exposés eux-mêmes à la violence – qui incarnent la loi

Source : www.gj-magazine.com

Silence, on cogne

Essais et documents

Parution : 20 Novembre 2019

Silence, on cogne

Sophie Boutboul

Alizé Bernard

Alizé Bernard a été victime de violences conjugales. Si elle savait les difficultés qu’ont les femmes à parler et à se faire entendre, elle n’imaginait pas combien le statut de son conjoint rendrait son combat pour s’en sortir plus difficile encore. Car ce dernier était gendarme. Or comment faire quand celui qui vous bat se sert de son statut, représentant de l’ordre, de sa place dans l’institution policière, de sa connaissance des procédures et des liens supposés de solidarité avec ses collègues, pour vous intimider, vous dissuader de vous défendre et faire valoir vos droits ? A Sophie Boutboul, journaliste travaillant sur les violences faites aux femmes, elle a accepté de raconter son histoire ; les mois de silence, isolée en caserne, persuadée que nul n’accepterait de la croire, la peur démultipliée devant un homme incarnant la loi et disposant d’une arme de service, puis les années de luttes, seule, pour faire valoir ses droits malgré les obstacles qu’elle dénonce  ; les tentatives de dissuasion de certains gendarmes, les procédures non respectées, l’absence de sanction hiérarchique, l’indulgence de certains juges. L’impression de se battre contre un système.
Au récit de son combat étape par étape, répond, en alternance, l’enquête qu’a menée Sophie Boutboul. Car le cas d’Alizé n’est pas isolé. Chaque année, des femmes meurent sous les coups et les balles de leur conjoint policier ou gendarme. Pendant un an et demi, elle a sillonné le pays pour recueillir le témoignage de femmes ayant connu le même chemin de croix  : les tentatives de dissuasion, les menaces, les procédures caduques, la protection, voire l’impunité, dont certains ont joui du fait de leur statut. Pour en comprendre les raisons, elle a rencontré des avocats, juges, magistrats, les membres d’associations aidant des femmes dans le même cas, les familles des victimes, mais aussi des policiers et des gendarmes reconnaissant les conséquences de leur métier sur leur vie personnelle et l’absence de mesures pour les prévenir, et les hauts placés de l’IGPN et de l’IGGN, les instances d’inspection de la police et de la gendarmerie. Elle expose les failles d’un système qui ne pense pas la place des femmes auprès d’hommes exposés à la violence et les risques que cela implique. C’est un texte engagé qu’Alizé Bernard et Sophie Boutboul signent là. Pour permettre aux femmes victimes de telles violences de savoir qu’elles ne sont pas seules. Ouvrir le débat et proposer des pistes de réflexion, des solutions, pour protéger les victimes de ces violences particulières.

Source : www.grasset.fr

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