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Le - Normandie : cinq escrocs du web arrêtés par les gendarmes de la Section de recherches de Rouen

Enquête. Après plus d’un an d’investigations, les gendarmes de la Section de recherches (SR) de Rouen ont appréhendé cinq hommes soupçonnés de se livrer à un vaste trafic de faux chèques et de fausses pièces d’identité via le darknet, la face cachée du web. Les cinq suspects ont été mis en examen; deux d’entre eux ont été incarcérés, les trois autres placés sous contrôle judiciaire.

Normandie : cinq escrocs du web arrêtés par les gendarmes de la Section de recherches de Rouen
Réserver un billet de train, Google. Trouver une recette de cuisine, Google. Découvrir le « pitch » du dernier Star Wars, Google. Comparer les taux d’intérêt, Google. Acheter le cadeau de Noël du petit dernier, Google… En Europe, 93 % des internautes utilisent ce moteur de recherche pour surfer sur la toile. Mais Google n’est que la face émergée d’internet. La face immergée est beaucoup plus importante, beaucoup plus sombre surtout.

Grâce à un simple logiciel, téléchargeable gratuitement (souvent à partir de Google !), certains internautes plongent dans le darknet. Ce réseau permet à ces utilisateurs de naviguer, de télécharger et ou encore d’échanger de façon anonyme, puisque les adresses IP ne sont pas partagées publiquement et très difficilement traçables. C’est ainsi qu’on retrouve possiblement sur le darknet des internautes mal intentionnés : pédophiles, vendeurs d’armes ou de médicaments contrefaits, trafiquants de drogues, voleurs d’organes, faussaires, fabriquants de faux papiers…

Ce nouvel outil de délinquance intéresse de plus en plus les spécialistes de la cybercriminalité, car le phénomène prend de l’ampleur. En Haute-Normandie, les gendarmes de la cellule « Nouvelles technologies » de la Section de recherches (SR) de Rouen sont chargés de patrouiller sur la toile et d’identifier les « pirates » du web. Après plus d’un an d’enquête, ils viennent d’appréhender cinq d’entre eux et de démanteler un vaste trafic de faux chèques et de fausses pièces d’identité. Sur le darknet, ces hommes âgés entre 20 et 30 ans vendaient leur savoir-faire dans toute la France.

« HEUREUSEMENT, IL EXISTE DES FAILLES DANS CE NO MAN’S LAND… »

C’est grâce à un acheteur du pays de Caux que les cybergendarmes rouennais sont parvenus à remonter la filière. Une commande avait été réglée via le site internet d’une grande enseigne commerciale par un faux chèque. En garde à vue, l’auteur de l’escroquerie a reconnu s’être procuré le faux chèque sur le darknet ainsi que des copies de cartes d’identité et plusieurs faux chèques correspondant aux fausses identités. Les « N-Tech » ont alors été saisis pour mener les investigations. «Il est très difficile d’identifier les utilisateurs du Darknet, mais heureusement il existe des failles dans ce no man’s land… Et nos moyens nous permettent de mener des investigations », commente l’un de ces gendarmes.

« Entre février et novembre dernier, nous avons donc déclenché quatre opérations judiciaires en région parisienne et dans le sud est de la France », indique le lieutenant-colonel Franck Auneau, chef de la SR de Rouen, qui précise que « ce trafic était l’œuvre d’un groupe très organisé et particulièrement performant dans le domaine d’internet, mais aussi dans la fabrication des chèques et des pièces d’identité ». Lors des perquisitions réalisées aux domiciles des suspects, les gendarmes ont découvert deux ateliers de fabrication avec des scanners, des scanners 3D, des presses, mais également « un millier de chèques volés, dont les éléments bancaires ont été utilisés pour fabriquer les faux chèques, de nombreux chèques contrefaits et de faux documents d’identité comme des cartes d’identité, des permis de conduire ou des cartes grises », détaille le chef de la SR. Selon nos informations, de l’argent liquide a également été retrouvé par les enquêteurs.

Les cinq suspects ont tous été mis en examen par une juge d’instruction rouennaise. Deux d’entre eux ont été incarcérés, les trois autres ont été placés sous contrôle judiciaire. L’information judiciaire pourra peut-être permettre de déterminer le nombre de victimes et les gains empochés par les malfaiteurs, bien discrets sur la question.

BAPTISTE LAUREAU

b.laureau@presse-normande.com

les gendarmes de la cellule « Nouvelles technologies » de la Section de recherches de Rouen sont chargés de patrouiller sur la toile et d’identifier les « pirates » du web (photo illustration)

Sourcewww.paris-normandie.fr

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