Un exemplaire unique de l’Alpine A110 pour le musée de la Gendarmerie
EXCLU. De la Subaru WRX STi à la Citroën SM en passant bien sûr par la Renault Mégane RS…, la mémoire mécanique de la gendarmerie dispose de nombreux véhicules dans ses réserves. Une collection aujourd’hui complétée par une Alpine A110 de dernière génération, mais pas tout à fait comme les autres !
Par Géraldine Gaudy
Publié le 06/03/2024 – 18:00 Mis à jour le 06/03/2024 – 19:28.
Depuis 2022, les équipes rapides d’intervention de la gendarmerie (ERI) ont pour la plupart remplacé leurs vieillissantes Mégane RS par de flamboyantes Alpine A110. Un simple retour aux sources puisque, à la fin des années 1960, la berlinette officiait déjà chez les hommes en bleu. Pour autant, ces exemplaires « ex-BRI » se font rares. D’ailleurs, la mémoire mécanique de la gendarmerie n’a pas encore trouvé sa perle rare. Mais cela ne saurait tarder ! L’argus reviendra très prochainement sur l’histoire singulière d’un coupé retrouvé… et en cours de restauration. D’ailleurs, vous l’avez peut-être aperçu sur le stand du Fonds de dotation de la gendarmerie au Salon Rétromobile 2024. En attendant, les équipes du musée ont fait main basse sur une nouvelle A110 !
Une A110 malmenée par le GIGN et finalement convertie
Contrairement aux autres modèles de la collection, qui ont été rachetés après avoir officié plusieurs années au sein des brigades rapides d’intervention, l’A110 moderne récupérée par le musée n’a jamais roulé au sein d’un peloton. Jean-Yves Hardouin, le garant du patrimoine roulant de la gendarmerie, nous explique qu’il s’agit d’une ancienne voiture du GIGN. « Au départ, je croyais que c’était une vieille A110. Lorsque le GIGN m’a expliqué que c’était un modèle récent, je lui ai dit que je n’étais pas intéressé, d’autant plus qu’elle était blanche », raconte notre interlocuteur. Il nous explique que cet exemplaire avait été offert à l’unité d’élite « pour être étudié ». Mais généralement ces véhicules « finissent toujours par être cassés », ajoute-t-il. Ce n° 0 immatriculé en décembre 2016, soit près d’un an avant l’entrée officielle du coupé en production, n’a pas échappé aux rites du GIGN comme le relate Jean-Yves Hardouin :
Un jour, ils ne l’ont pas fait suffisamment chauffer et ils ont tapé dedans tout de suite. Le moteur turbo a claqué. L’A110 n’avait que 85 km au compteur !
Bien qu’il s’agisse d’un véhicule moderne, l’A110 a finalement rejoint les réserves de la mémoire mécanique de la gendarmerie. Le général Renaud, président du musée de la Gendarmerie, a donné carte blanche à Jean-Yves Hardouin pour décider du sort du coupé.
Une A110 Gendarmerie presque comme les vraies
« J’ai donc travaillé sur le projet et ai décidé de la sauver de la casse pour en faire une carte de visite du musée de la Gendarmerie de Melun (Seine-et-Marne) », nous explique-t-il. Pour coller à ses nouvelles fonctions, le modèle a été repeint. Contrairement aux modèles utilisés dans les ERI et habillés d’une robe bleu Abysse (teinte au catalogue d’Alpine), l’A110 du musée adopte le vrai bleu Gendarmerie « celui que l’on connaît sur les Estafette et les 4L », ajoute notre expert. Nom de code : 041. Ce qui en fait un modèle unique ! Sa carrosserie se pare d’un gyrophare de Mégane RS. Pourquoi ? « Il est plus petit que le véritable, mais plus large. C’est plus discret », détaille-t-il. Le garant de la mémoire mécanique a ajouté des sérigraphies (presque) officielles. En lieu et place du traditionnel lettrage « Gendarmerie » sur les portières et le capot, Jean-Yves Hardouin a fait inscrire la mention « Musée de la Gendarmerie Nationale ». De loin, c’est à s’y méprendre ! On croirait réellement voir une A110 officielle, à la différence près que celle-ci reçoit une immatriculation spécifique du service des armées et non une immatriculation tirée du SIV. De plus, elle chausse des jantes Fuchs de 18 pouces.À lire aussiTout savoir sur les plaques et les couleurs de la Gendarmerie
Le soutien d’Alpine
L’obtention de cette immatriculation n’aurait pas été possible sans un coup de pouce d’Alpine. Souvenez-vous que, lorsque le modèle a été récupéré par le musée, son moteur était HS. C’est lors d’une visite de quelques membres de la marque, au sein des réserves de Fontainebleau, qu’une solution a été trouvée. Curieux de comprendre pourquoi le quatre-cylindres 1.8 d’origine n’avait pas tenu la charge – « car pour Alpine un moteur cassé ça n’existe pas, pas même en compétition », répond-on à Jean-Yves Hardouin –, la marque au A fléché a décidé de reprendre le moteur cassé pour l’analyser. En échange de quoi le constructeur a fourni un nouveau bloc à la mémoire mécanique pour équiper sa nouvelle recrue. N’allez pas croire que ce modèle se mette en chasse des fous du volant. « Il s’agit désormais du véhicule de fonction du musée et de la mémoire mécanique », conclut notre intervenant.
Des voitures de la gendarmerie bientôt exposés aux yeux de tous
Vous serez donc amenés à croiser ce coupé dans la rue ou sur des événements. D’ailleurs, l’Alpine A110 du musée de la Gendarmerie s’offrira son premier bain de foule lors des Classic Days, les 27 et 28 avril 2024, sur le circuit de Nevers Magny-Cours (Nièvre). Puis, vous la retrouverez sur le parvis de la caserne de Melun le 14 juillet à l’occasion de la fête nationale et le 20 juillet pour le passage de la flamme olympique. Ce jour-là, d’autres véhicules de la collection seront exposés.
D’ailleurs les Renault Mégane RS, Peugeot 306 S16 et autres Subaru Impreza devraient prochainement profiter d’un écrin digne de ce nom et ne plus être stockées à l’abri des regards. Une extension du musée de la Gendarmerie de Melun est en effet envisagée pour mettre en valeur ce patrimoine roulant. En attendant, ceux qui veulent découvrir ou redécouvrir les pépites que renferment les réserves n’ont qu’à se plonger dans les articles et vidéos de la série de L’argus parus àl’été 2021 :
- Réserves de la gendarmerie : retour sur notre saga estivale
- Dans les réserves du musée de la Gendarmerie
- Les véhicules insolites des réserves du musée de la Gendarmerie
