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Le - Un gendarme condamné pour agression sexuelle sur une subordonnée

Un gendarme condamné pour agression sexuelle sur une subordonnée

Il était son supérieur hierarchique. DDM – XAVIER DE FENOYL illustration

Publié le 06/06/2024 à 17:55 , mis à jour à 18:04

Claire Lagadic

Un ancien adjudant de gendarmerie de Saint-Girons en Ariège vient d’être jugé à Toulouse pour avoir agressé sexuellement, en 2021, une gendarme adjoint volontaire de 23 ans. Il a toujours nié. Il a été condamné.

Pris par la patrouille. Un équipage de gendarmerie en mission dans les environs de Saint-Girons, en Ariège, a surpris une scène inhabituelle. C’était le 6 février 2021, en plein jour. En voyant une autre voiture de patrouille arrêtée en pleine nature, les deux militaires sont intrigués et s’approchent.

À l’intérieur du véhicule, une jeune gendarme se trouve sur les genoux d’un gradé dans une position équivoque. La situation aurait pu prêter à rire si la jeune femme n’avait pas déposé plainte pour agression sexuelle.

« Elle était adorable »

L’affaire vient d’être jugée par le tribunal correctionnel de Toulouse. Adjudant et officier de police judiciaire de 55 ans à l’époque, l’homme a toujours parlé de relation consentie. « C’est une jeune femme qui travaillait bien. Je lui faisais entièrement confiance. Elle ne cessait de faire des éloges à mon égard, décrit-il sous le regard de son accusatrice venue à l’audience dans son uniforme bleu. Elle était adorable ».

À 23 ans, la jeune femme est gendarme adjoint volontaire. Motivée, elle travaille avec acharnement. Mais l’adjudant, devenu son « mentor », envisage une relation extraprofessionnelle avec elle. « Vous faites changer les patrouilles pour vous retrouver avec elle et vous calquez vos congés », note la présidente. « J’avais besoin d’elle pour le travail », assure-t-il.

« C’était d’un commun accord »

Le militaire pensait la jeune femme consentante. « Elle acquiesçait à mes propos par des sourires, elle disait oui. Elle ne me rejetait pas. Le grade a disparu entre nous. La distance hiérarchique n’a pas joué ».

Le jour des faits, l’adjudant certifie que sa subordonnée voulait autant que lui un rapprochement physique. « Elle enlève son gilet pare-balles et vient sur mes genoux ». Il lui caresse la poitrine. « Elle m’a dit qu’elle était bien avec moi. C’était d’un commun accord ».

Elle sort son arme pour se suicider

Lorsque la patrouille interrompt la scène, l’homme demande à ses collègues de garder le silence. La jeune gendarme, elle, sort son arme de service et pense à mettre fin à ses jours. « C’est parce qu’elle sait qu’elle a une part de responsabilité, qu’elle a laissé faire. C’est une situation qui nous dépasse tous les deux. Elle craint les reproches de la cheffe. Elle ne voulait pas que ça se sache. Je n’ai jamais forcé qui que ce soit à faire quoi que ce soit ».

De son côté, la victime se remémore l’attitude de son supérieur et conclut : « Il a pris ses désirs pour des réalités ». Pour le procureur, « il interprète et surinterprète tous les signaux positifs sur un plan sexuel, amoureux, alors que rien ne l’y autorise. Elle ne voulait pas de relation physique ». Il requiert 15 mois de prison avec sursis.

Me Cécile Brandely, pour la défense, lit les SMS échangés par les deux collègues. « Elle est victime, oui. Mais elle est victime de la morale ambiante. Elle a peur de tout perdre et elle l’accuse. Pour elle, c’est une façon de se sauver ».

Le tribunal le déclare coupable et suit les réquisitions du parquet.

Source : www.ladepeche.fr

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