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Le - LE GENDARME AVAIT ENTERRÉ LA PLAINTE POUR TENTATIVE D’HOMICIDE, SIX ANS PLUS TARD LES SUSPECTS TUAIENT UNE AUTRE VICTIME

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JUSTICE – L’Etat a été condamné début mars après qu’un gendarme a enterré une plainte pour tentative d’homicide à caractère homophobe, il y a quatorze ans. Les suspects, qui n’avaient pas été inquiétés, avaient tué une autre victime six ans plus tard.

La faute à un dossier mis en sommeil dans le tiroir du bureau d’un gendarme. Quatorze ans après les faits, l’Etat a été condamné au civil par le tribunal de Nîmes (Gard), en tant que représentant du militaire en question, rapporte le journal Midi-Libre. L’affaire remonte au 28 novembre 2003. Wilfried Cerveaux, un jeune homosexuel vivant alors à Avignon, échappe de peu à la mort après un rendez-vous donné sur un lieu de drague, près du barrage de Sauveterre.

Sur place, deux hommes l’entraînent à l’écart et le passe à tabac, raconte le quotidien local. Pour leur échapper, Wilfried se jette dans l’eau glacée du Rhône et fait le mort jusqu’à ce que ses deux agresseurs soient partis, avant d’appeler à l’aide. Le jour même, Wilfried livre aux gendarmes tous les éléments pour identifier les deux hommes : prénoms, numéros de téléphone et l’immatriculation du véhicule.

Le crime aurait pu être évité

Dans les mois qui suivent, Wilfried demande régulièrement des nouvelles de l’enquête à l’adjudant Francis Navarro, le commandant adjoint de la brigade de Roquemaure. Il n’en aura jamais : pour des raisons inconnues, le maréchal des logis Francis Navarro, qui était chargé d’enquêter, avait délibérément enterré l’affaire. Enfermant la plainte dans le tiroir de son bureau, avec 49 autres dossiers, avant de maquiller informatiquement l’opération.

6000 euros au titre du préjudice moral

Une décision aux conséquences dramatiques : les deux agresseurs de Wilfried, Eric Meynier et Ludovic Serra, tueront six ans plus tard leur victime suivante, Frédéric, un jeune gay vivant à Sérignan (Hérault). Le lien entre les deux affaires sera fait rapidement par les enquêteurs. Selon eux, le crime aurait pu être évité, du moins si les premiers gendarmes avaient fait leur travail. Éric Meynier et Ludovic Serra ont été condamnés en 2013 à 30 et 25 ans de réclusion criminelle.

Le 6 mars dernier, la justice nîmoise a accordé 6000 euros au titre du préjudice moral à Wilfried Cerveaux. « La faute est reconnue, mais ses conséquences sont indemnisées à la marge », a estimé son avocat, cité par Midi-Libre.

Source : www.lci.fr

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